Taxer les milliardaires ?

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Taxer les milliardaires ?

Taxer les milliardaires, pourquoi ce n’est pas la bonne méthode ?

 Art. 13. Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

DDHC 1789

1- Le rôle de l’état, taxer les milliardaires ?

Faire les routes ? Entretenir ? Répartir la richesse ?

On va s’arrêter uniquement sur le dernier point, celui de répartir la richesse. Robin des bois nous le dirait, c’est là le rôle principal de l’état. Je me rappelle qu’on apprenait cela quand on était jeunes. Taxer les riches, pour redonner aux pauvres.

On verra à la fin si vraiment, l’Etat tient encore ce rôle. La conclusion en étonnera plus d’un mais je suis sûr vous y adhérerez pour la plupart. Doit on encore taxer les milliardaires ?

2- L’injustice nécessaire

Dans ce cadre là de répartition, l’état a donc un rôle de compenser des inégalités naturelles. Et oui, le développement personnel ne suffit malheureusement pas, et dire à tout à chacun qu’il peut être riche ou célèbre, heureux ou paresseux, aimé ou adoré, ne fait rien sur les inégalités qui se dégagent de tout groupe social humain. L’histoire a bien montré que cela n’est simplement pas possible.

L’impôt, loin d’être une captation financière, est une répartition financière. C’est littéralement une inégalité de prélèvement et une inégalité de reversement pour rattraper une inégalité de réussite financière. Le rôle de l’Etat pour la sécurité sociale, la retraite, les routes, et autres investissements, est à mon sens moins prioritaire, dans la mesure où, en l’absence de l’état, les gens s’organiseraient, en grands ou petits groupes pour y faire face. Par contre, demandez aux gens de bien vouloir répartir la richesse produite et vous aurez des surprises.

3- Exemple des mécontentements

Afin d’appuyer cette démonstration de l’injustice nécessaire, on note que l’ensemble des manifestations, mouvements sociaux ou grèves, viennent toujours réclamer davantage d’État et de contrôle sur la répartition de richesse. Qui va hurler à taxer les milliardaires, qui va scander à augmenter le SMIC, qui va brandir une pancarte contre les superprofits. Tous hurlent à une loi pour modifier les répartitions financières. (on met ici entre parenthèses le manifestant cheveux bleu qui, seul, colle sa main sur le périphérique pour exiger une rénovation énergétique des logements).

Aucune, absolument aucune manifestation d’envergure ne concerne l’état des routes, le budget de l’armée pour nous défendre ou le budget de la justice. Pourtant, ces deux derniers sont bien en peine depuis de longues années. Taxer les milliardaires revient par contre en boucle dans les cortèges.

4- Les flux des impôts

Prélèvements

La source du budget de l’état sont dans l’ordre : TVA, Impôt, TICPE puis le reste. On prend bien en compte ici les impôts puisque c’est ce qui nous concerne. Et on parle de l’impôt national, on pourrait détailler avec les impôts locaux et autres contributions.

Cette analyse est forcément en partie erronée, notamment car la trésorerie de l’Etat, et des collectivités, est centralisée. Quiconque a déjà formé un groupement de sociétés sait que, si la trésorerie est centralisée, alors l’analyse individuelle de chaque société est juste au plan comptable mais fausse dans les opérations quotidiennes. Au quotidien, une entrée d’argent d’un côté permet de compenser une perte de l’autre. Et c’est exactement ce qu’il se passe.

La TVA est rarement un débat central car uniforme, donc égal en proportion. l’impôt est le plus souvent pointé du doigt. On prélève différemment selon des critères arbitraires définis par la loi. En ce moment, ce sont les classes moyennes qui sont les plus contributives à cet impôt car nombreuses et solvables.

Injection

Comment l’état redonne l’argent est la partie intéressante. Un peu de sociologie ne nous fera pas de mal !

Si vous êtes dans une classe sociale inférieure voici une liste non exhaustive de vos revenus liés à l’état: – RSA – aide au logement – aide familiale – et tous les chèques énergies ou inflation ou rentrée scolaire. L’Etat aide donc les gens à palier à leurs dépenses court terme et au logement en location.

Si vous êtes dans une classe sociale moyenne. Vous avez accès à quelques aides logement et familiale. Et en plus, vous avez accès au crédit immobilier et aux aides diverses dans ce secteur (la fameuse loi Pinel). Vous connaissez la pub avec la présentatrice à la voix de crécelle « si vous payez plus de 3000€ d’impôt par an blabla ». Cette cible est typique pour une pub qui vous promet d’accéder à la propriété immobilière.

Enfin, dans une classe sociale supérieure, vous avez accès au crédit immobilier ou d’entreprise. Vous avez accès aux subventions variées de l’état, pour l’emploi, pour les alternances, ou toutes autres subventions d’entreprises. Et je le précise aussi, vous avez accès à la réduction d’impôt si vous investissez là où l’état veut que vous investissiez.

5- Le sacro-saint droit de propriété

Voilà exactement là où j’en viens maintenant. Le problème majeur est ni dans le prélèvement, ni dans le reversement, en tout cas pas en quantité. Il est dans la cible du reversement. Donner à des pauvres les moyens de se loger en location, et à des plus riches les moyens d’acheter un bien immobilier n’est qu’une farce qui ne créera toujours que davantage d’inégalité. Et augmenter les moyens des pauvres à louer ne les creuseraient que davantage.

Parler de revenus est donc un leurre simple et court terme pour cacher la seule question inégalitaire qui concerne la propriété. La question centrale, dans un monde capitaliste, n’est pas la répartition de l’impôt et des aides sociales mais la répartition de la propriété. Or, aucun, absolument aucun mouvement social ne vient réclamer des actions de l’entreprise, ils réclament tous une hausse de salaire !

Voir l’article sur les investissements pour savoir où l’Etat devrait inciter les gens à dépenser leur argent.

Cet article est déjà trop long, je finirai sur une ouverture et non une conclusion de façon exceptionnelle. Qui de la poule ou de l’oeuf ?

Les gens sont-ils prédéterminés et notre schéma financier tient-il la route car il donne à ceux qui peuvent recevoir ? Ou bien, le schéma financier de notre pays est-il à l’origine des inégalités et fait-il en sorte de maintenir et d’amplifier les inégalités, notamment par la notion de propriété ?

Julien Barthès

 

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