Défaillances d’entreprises en hausse

Ce mois de Mars 2023 fut un mois très porteur dans l’activité pour les particuliers propriétaires, dans leur rénovation. Et à l’inverse, les activités de recherche de locaux pour les entreprises sont très bas. Analyse d’une conjoncture particulière par les défaillances d’entreprises.
Comment expliquer que d’un côté, les entreprises semblent asphyxiées et de l’autres, les particuliers propriétaires, c’est à dire une certaine classe sociale, soit enclin à des dépenses dans leur logement.
1- Défaillances d’entreprises en forte hausse
La défaillance d’une entreprise est la perte de sa capacité à faire face à ses obligations financières, que ce soit envers ses fournisseurs, ses salariés ou les institutions.

Étonnamment, on note, certes, une hausse des défaillances majeures mais l’élément le plus notable reste la chute du nombre de défaillance pendant la période covid. C’est bien là la plus forte anomalie.
L’amplitude de cette situation est aussi massive, plus massive que la montée des défaillances lors des deux dernières crises majeures (93 et 2008).
2- Dettes et trésoreries
La crise a provoqué un chamboulement massif sur la structure des trésoreries des entreprises. Avec les PGE, les entreprises ont quasiment toutes eu recours à de la dette pour maximiser leur trésorerie.
C’est la raison principale qui explique la chute brutale de défaillance. La trésorerie, massive disponible, a permis aux sociétés de rester en vie même par temps difficile.
La trésorerie peut évoluer très vite dans certains secteurs d’activités. Les sociétés disposent en général en compte courant de l’ordre de 5 à 10% du chiffre d’affaires. Rarement davantage. Un versement de dividende et cela peut chuter. Un gros acompte client et cela remonte fortement. On peut ainsi facilement osciller entre 0 et 10% du CA à la semaine prêt. Cela dépend évidement du secteur d’activité et certaines sociétés, aux revenus réguliers, sont mieux loties que d’autres.
Et là, c’est le drame ! Car oui, la trésorerie massive injectée ne permet apriori pas de restructurer et de sauver l’entreprise. Tout dépend ce que le dirigeant fait avec cet argent. Imaginez, on vous verse sur votre compte 100’000€. Evidemment vous n’avez plus de problème pour payer votre loyer. Mais supposons que vous achetiez n’importe quel objet qui décote pour 100’000€, alors la chute sera tout aussi brutale.
Qu’on fait les dirigeants en moyenne ? Ont-ils réinvesti ? Ont-il donné des primes ?
La réponse est multiple. Mais ce qui a le plus augmenté pendant la crise et encore en 2022, c’est bel et bien le versement de dividendes ! Cela a été souligné maintes fois par tous les médias et critiques.
L’injection de cash dans les sociétés tend donc à inverser la courbe des défaillances avec un minimum pendant la crise et un maximum après la crise. L’argent injecté a donc permis à des actionnaires de société de percevoir davantage de dividendes qu’à l’accoutumée. Et je ne présume ici aucune action volontaire ou consciente, un dirigeant, voit sa trésorerie augmenter, il s’en sert, voilà tout. L’anticipation sur plusieurs années n’est pas la qualité la mieux partagée, ni au gouvernement ni parmi les chefs d’entreprises.
3- Exemple sur le groupe
Le groupe s’est lancé en 2020 donc en plein milieu du COVID. Il n’a pas eu accès au PGE ni à aucune aide de l’état, car trop jeune. Pourtant, la situation étant encore à cette époque là très favorable au crédit, le groupe a pu lever une forte quantité d’argent pour se développer. Aussi courant 2020 et 2021, le niveau de trésorerie était très haut et permis au groupe de se développer fortement.
Le dernier financement « facile » fut celui pour l’immobilier de l’agence principale, en Juin 2022 juste avant les restrictions et la montée des taux immobiliers. Depuis, tous les financements sont refusés ou presque, ils sont divisés par 10 en montant. Les taux rebutent aussi pour ne pas trop charger le résultat net des structures. Le crédit devient donc sporadique pour tenir un minimum.
Le point clé fut la rentrée de septembre 2022, l’ensemble des partenaires bancaires ont tout simplement stoppé l’accès au crédit. Et l’impact fut direct, en quelques semaines ou mois seulement, sur le niveau de trésorerie du groupe. On se recentre donc sur les activités afin de dégager des marges, le seul levier de trésorerie étant la marge et les conditions de paiement. On a donc revu l’ensemble de nos relations avec les fournisseurs, on a stabilisé nos pratiques commerciales et on refuse certains gros chantiers qui nous feraient avancer des sommes trop importantes.
4- Le coût du sauvetage des défaillances d’entreprises
La question centrale est de comprendre la conséquence de cette mesure du quoiqu’il en coute pour en mesurer l’impact. La réponse est relativement simple. Elle a pour conséquence première la création de crédit donc la création monétaire. On tente maintenant de la juguler par une restriction du crédit aussi forte que la création précédente.
Si on analyse la situation sur un terme relativement long. On manque encore de savoir jusqu’où les défaillances vont progresser. Il est cependant probable qu’elles vont remonter au dessus de la moyenne pour ré-équilibrer. C’est à dire que l’injection monétaire, à défaut de sauver les entreprises, a inversé la forme de la courbe des défaillances. La crise aurait du être synonyme de défaillance. Elle ne l’a pas été. Et l’après-crise devrait être synonyme de rebond, et elle ne l’est pas.
Le flux financier est donc allé de l’état, vers les sociétés, vers les actionnaires pour une grande partie du flux. Actionnaires au sens large, c’est à dire souvent des personnes qui possèdent des valeurs mobilières et qui ont accès au crédit, cela va de la classe moyenne avec un compte bourse à un grand patron. Ce sont donc, in fine, ces personnes, qui ont pu avoir accès à de l’argent frais. Ce qui expliquerait pourquoi, nos entreprises du groupe, celles dédiées au propriétaire particulier se portent donc comme un charme ! Voyez notre article ici sur les impôts des milliardaires.
Cela ne va pas empêcher les sociétés en difficulté d’être à nouveau en difficulté, voire d’être liquidée qu’elles aient versé des dividendes ou pas ! Je m’amuse à rappeler que les bénéficiaires principaux des dividendes en France sont Arnault, Backrock et l’Etat français.
A bientôt pour analyser la suite de cette courbe de défaillance !
Julien
PS : Si vous voulez pas que cela arrive à votre groupe immobilier et rénovation préféré alors passez par nous pour vos projets ! www.cellariushabitat.fr et www.businessity.fr
2 Responses
[…] La responsabilité limitée signifie que les actionnaires n’ont de risques dans la société qu’à la hauteur de la part du capital social qu’ils détiennent, même en cas de défaillance de la société. […]
[…] comme la peste, c’est trop risqué. En effet, une déflation conduirait à coût sûr à des défaillances en pagaille comme en […]